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Sois belle et tais toi !

Pour reprendre les mots du chef de l’Etat au lendemain du référendum, ce qu’apporte le pays à la République procède simplement de l’esthétique : “la France est plus belle car la Nouvelle-Calédonie a décidé d’y rester.” S’il est vrai que ce type de jugement peut être appliqué à presque tout, il permet d’éluder l’épineux sujet de fond.

Au-delà du jugement esthétique, lorsque le résultat d’un référendum est déjà connu par avance et que près de 56% du corps électoral ne se déplace pas le jour du vote, c’est qu’il existe un problème dans le processus démocratique. Si le vote avait eu lieu après les élections présidentielles, aurait-il seulement été plus beau ou incontestable ?

Si le résultat du “non”, franc et massif, à l’indépendance du dimanche 12 décembre est indéniable et permet de tourner la page des référendums à répétition, il ne termine pas, pour autant, le cycle envisagé par l’accord de Nouméa et laisse désormais de nombreuses questions en suspens. L’absence des indépendantistes lors du vote, la contestation du résultat par ceux-ci, doublée par le refus de dialoguer avec les adversaires de toujours, écroulent l’édifice débuté il y a plus de 20 ans qui devait conduire au “vivre ensemble” dans un nouveau statut.

On peut blâmer les absents et trouver des excuses à la non participation, faute de trouver des solutions, mais on ne peut ignorer le calendrier de campagne comme nous l’a rappelé l’arrivée précipitée du ministre des outre-mer, la veille du scrutin. S’il y a un vainqueur ce n’est pas forcément le pays.

Car le pire, dans cette “situation ainsi créée », est de susciter chez les uns, de grands espoirs et des attentes : comme la fin de la revendication indépendantiste , la désinscription à l’ONU de la liste des pays à décoloniser, l’ouverture immédiate du corps électoral, le retour à l’harmonie et à la prospérité après “s’être assis autour de la table et avoir discuté”.

Tandis que chez les autres, le pire est de provoquer les désillusions d’un avenir sans projet et l’amertume d’une identité calédonienne multiculturelle rendue impossible dans une identité nationale plus zemmourienne que jamais, tout en ramenant dans le giron de la République le territoire situé aux confins de celle-ci, trop près de “l’ogre Chinois”.

La Nouvelle-Calédonie a le mauvais goût de se situer toujours trop loin des préoccupations de l’Hexagone en temps normal mais toujours trop proche lors des campagnes présidentielles. Le problème est que, pendant 18 mois, les tensions demeureront alors que les difficultés s’accumulent et, contrairement au mutisme de la contemplation esthétique chère au candidat président, le dialogue de l’intelligence ne doit plus faire l’objet d’un pari mais d’un impératif !

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