Près de 5 mois pour accéder à la présidence, puis presque autant auront été nécessaires à Louis Mapou pour préparer un discours de politique générale, qui reste, pour un président indépendantiste étonnamment suiviste, avec un air de déjà vu. Accouché nuitamment et en solitaire, provoquant l’ire des autres membres loyalistes du gouvernement, ce discours fleuve semble pourtant nous amener au milieu du gué, faute d’afficher les moyens à la hauteur des ambitions.
Condamné à réussir les réformes fiscales en 3 ans, là où les autres gouvernements, en 15 ans de gestion, ont au moyen d’assises, de Grenelle, et d’études, soigneusement poussé sous le tapis les dossiers urgents (RUAMM, retraites, fiscalité minière…). L’exercice semble périlleux voire suicidaire politiquement.
Car il faut, non seulement, avancer des propositions fiscales réalisables, en seulement quelques semestres, mais il faut composer avec les autres membres loyalistes qui représentent pour certains, la voix des lobbys, sans oublier de proposer un nouveau modèle économique et social qui correspondrait à cette “nouvelle Nouvelle Calédonie“, évoquée par le président Mapou. L’appellation est étrange et traduit, peut être, la volonté d’être deux fois plus efficace qu’en 30 ans de gestion, ou est-ce une allusion à l’histoire qui semble bégayer avec la non participation au référendum du 12 décembre ?

Quoi qu’il en soit, on peut espérer que ce discours rassurant pour les uns et lénifiant pour les autres soit plus à l’image de sa conclusion, ouvert au dialogue, plus que dans ses solutions d’urgence qui restent non chiffrées et sans calendrier. On cherche, le fameux “fil d’Ariane” qui aurait pour ambition soit, de faire une relance par la consommation (vite grevée par la hausse de la TGC et les taxes comportementales), soit de faire une politique de réformes et d’austérité budgétaire, en trouvant des économies sur les dépenses d’administration, mais on trouve, au contraire dans la liste, des privatisations possibles à l’OPT et à Enercal dont le principe consiste toujours à collectiviser les pertes et privatiser les gains….
Cependant, ce discours, probablement rédigé par des conseillers, semble avoir été copié collé d’autres discours des précédents gouvernements, et remis au goût du jour, en cochant toutes les cases des défis et en coloriant aux couleurs bleue, verte et silver de potentiels projets économiques, avec pour seule ambition d’accomplir l’exercice, en espérant que les discours politiques comme les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
A l’image des gouvernements, les discours sont faits pour être oubliés, contrairement aux difficultés quotidiennes d’une économie en récession avec un chômage croissant et une inflation soutenue, dans un pays sans finances pour fonctionner ces prochains mois. Nul ne peut se payer de discours et se nourrir du charme des lendemains radieux alors que notre horizon budgétaire et économique de la cessation de paiement est à quelques mois. Une terre de parole n’exclut pas d’être terre à terre et d’avoir une parole accompagnée d’actes.
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