A l’heure actuelle, la situation est proche d’un risque systémique majeur. On sait déjà que le confinement amplifie la vulnérabilité économique de la majorité (96%) du tissu entrepreneurial composé d’entreprises sans salarié, de patentés ou de TPE (moins de 10 salariés) aux activités jugées “non essentielles”. Même si l’Etat, par décret du 8 septembre, a reconduit ses aides via le fonds de solidarité (FSE), le dispositif de prise en charge des coûts fixes, le maintien des Prêts Garantis Etat (PGE) ainsi qu’une aide ad hoc à la trésorerie, le gouvernement reste pour l’instant sans pouvoir intervenir rapidement faute de trésorerie.
Or la rapidité d’action en matière économique est un élément clé. La plupart des entreprises et indépendants peinent encore à se remettre des conséquences des deux confinements précédents et si ces deux premiers chocs ont été amortis grâce aux subventions de l’Etat complétées par des aides provinciales et surtout par de la dette, il convient de rappeler qu‘on ne peut pas de manière pérenne substituer du chiffre d’affaires par de la dette.
En conséquence, beaucoup de sociétés risquent l’insolvabilité. Une crise systémique entraînant des liquidations et une vague de licenciements n’est pas à écarter : selon l’IEOM, 30 % des entreprises craignent une défaillance cette année, avec une augmentation significative des créances douteuses sur un an (+4,5 milliards F.CFP) et une détérioration des délais de paiement, même de la part des collectivités. En effet, l’avance de trésorerie faite par de nombreuses entreprises pour la prise en charge du chômage partiel lors du confinement en mars 2021 n’a pas été, à ce jour, remboursée par le régime chômage Covid-19 de la Cafat. Ainsi pour ce confinement certaines sociétés choisiront de licencier, au lieu de prendre un risque d’un nouveau chômage partiel non recouvert. Le régime chômage de la Cafat se verra alors dans l’incapacité de prendre en charge la vague de licenciements à venir et le RUAMM de faire face aux coûts directs liés aux soins et aux conséquences des maladies liées à la vague Covid-19.
Aujourd’hui, la collectivité territoriale ne dispose d’aucune marge de manœuvre et ne pourra que constater une baisse des recettes fiscales lors du confinement sans pouvoir augmenter les prélèvements, ce qui éteindrait définitivement le moteur de l’économie calédonienne qu’est la consommation intérieure (⅔ du PIB).
Or face à un choc exogène, il convient d’actionner les outils de la politique monétaire (dette, monnaie…) et non ceux de la politique budgétaire (impôts, taxes…). Le gouvernement n’a pas d’autonomie monétaire, c’est à dire qu’il ne dispose pas d’une banque centrale qui pourrait soit financiariser de la dette comme ce qui est fait par la BCE pour la France, soit émettre de la monnaie comme ce qui a été fait par le Royaume-Uni par exemple. Il convient donc aux politiques de comprendre qu’en l’absence localement de leviers de politique monétaire, il est nécessaire d’aller chercher de la dette auprès de l’Etat qui lui peut actionner ce levier. Enfin, il n’y a pas de reniement à une idéologie de demander à l’Etat un prêt, pour éviter une crise qui risque d’être une crise sociale, sans précédent !
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