Le document sur les conséquences du “Oui”et du “Non”, tenu pour confidentiel par le ministre des outre-mer, est en ce moment celui qui circule le plus sur les messageries et les réseaux sociaux. Pouvait-il en être autrement ?
Probablement pas, car confier à nos politiques un “secret” équivaut à confier une bouteille de vin à des alcooliques en leur demandant de ne pas boire.
Ce document qui a vocation à être, à terme, divulgué au public, ne contient, en lui-même, rien qui ne soit pas déjà connu. Il présente l’intérêt de rappeler factuellement l’intervention de l’Etat à tous les étages, les carences des comptes sociaux et fiscaux, l’artificialisation de notre économie et invite, quel que soit le résultat du prochain référendum, à résoudre les questions sociales et fiscales dans le cadre de l’évolution de l’avenir institutionnel.
Il apparaît dans la partie consacrée au “Oui”, la question délicate qui, à elle seule, est la raison probable de la confidentialité du document mais qui avait été débattue avant le premier référendum. Il s’agit de la la monnaie, partie régalienne où l’Etat n’est plus souverain depuis longtemps. Aujourd’hui, le maintien de la parité de l’Euro avec le CFP permet de garantir la stabilité du patrimoine financier et des dettes contractées par les Calédoniens. L’adoption d’une nouvelle monnaie libre, induirait une dévaluation (balance commerciale déficitaire) et ferait alors perdre la valeur de l’épargne et augmenter significativement les dettes déjà contractées (en Euros). Le marché de l’immobilier, entraîné par le désengagement des capitaux, serait voué à l’écroulement et les rendements locatifs sur lesquels sont assis de nombreuses retraites seraient anéantis. L’inflation provoquée par la hausse mécanique des prix, liée aux importations des produits étrangers provoquerait une boucle sur les salaires dans une spirale hyperinflationniste.
Ce scénario catastrophe de “big crash” serait la conséquence la plus directe du désancrage de la monnaie à l’Euro. Dans ce transfert, s’il avait lieu, le rôle de pompier-pyromane de l’Etat, s’articulerait entre celui du garant de dernier recours qui permet d’assurer le maintien du patrimoine et l’épargne des concitoyens, et celui d’une banque centrale/FMI imposant au gouvernement local l’austérité, des réformes fiscales, la désindexation des salaires, voire de l’endettement afin de faire revenir le pays à une désartificialisation de l’économie, maintenue aujourd’hui par l’Etat lui même !
Si la politique économique est la partie la plus cruciale pour notre avenir quel que soit, le choix du véhicule institutionnel, elle engage davantage la responsabilité de l’Etat que celle de nos élus qui ne saisissent pas que la partie est déjà engagée et que l’Elysée tient, non seulement, le calendrier mais la solution institutionnelle.
Après les pantalonnades pour l’élection du président du Gouvernement, le cabotinage de la proposition de partition du pays repoussée par l’Etat dans le document, nous voici avec le secret de polichinelle du Ministre qui complète le tableau. Le jeu d’acteurs qui se tient à Paris, sans l’Uni, s’apparente sinon au théâtre de guignol, du moins à la commedia dell’arte !
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